Avec le but d’éviter
de vous prendre la tête avec les valeurs culturelles de mon pays, je me permets de mettre une rubrique ‘’Ma Vie’’ au milieu pour vous distraire un peu.
Mais je rigole avec peur : Qui je – suis pour parler de ma vie ???
Je dois leur demander pardon pour cette insolence de les avoir cités. Je rêve de visiter la France un jour pour bruler les bâtonnets d’encens sur leurs tombeaux au Panthéon, je pense.
Je vous prie d’être patient pour que je demande la permission de l’écrire à mes ancêtres et à des millions d’autres vietnamiens au nirvana ou à l’enfer, je ne sais pas. Parce que je suis en train de fouiller les cendres éteintes.
En 1979, mon petit-frère est né. Mon tonton est parti dans le Sud pour tenir le terrain après que les Khmer Rouge ont été chassés.
Mais je rigole avec peur : Qui je – suis pour parler de ma vie ???
Je ne suis pas un
président qui peut changer de monde avec une signature ! Je ne suis pas
politicien pour parler des secrets de la carrière ! Je ne suis pas un
général pour raconter ses exploits ! Je ne suis pas écrivain pour parler
de ses sentiments !
Je suis minuscule
devant cette vie, qui dois demander du pognon à sa femme pour inviter les
copains à prendre l’apéro.
En bref, je suis
qui ?
Je pense tout simplement
que, parler de ma vie, c’est –à-dire : écrire l’autobiographie.
J’ai peur d’être
compris à travers que je suis en train de suivre celle ‘’ My Life – Ma Vie ‘’
de Bil Clinton, qui est vendue avec des millions de Dollars comme un best-seller !
Je ne suis qu’une
graine de sable racontant sa vie dans le désert de la vie ???
J’ai peur ! Je
n’ose pas en parler à personne.
J’ai peur d’être considéré comme un pisse-copie.
J’ai peur d’être considéré comme un pisse-copie.
J’ai dit ce que je
pensais à mon pote, mon frère, mon collègue français: Mr.Cousin Christophe :
christophe@ethnies-mekong.com
. Celui-là a froncé les sourcils en me demandant’’ Pourquoi pas’’ ?
J’ai passé les
nuits blanches en réfléchissant et en me faisant torturer par ‘’Pourquoi pas ‘’ ?
Finalement, j’ai
mobilisé tout le dernier courage d’un vietnamien pour décider d’écrire sur ma
vie qui est appelé par les intellectuels : autobiographie mais bien sûr, ce
n’est pas dans l’esprit de ‘’Pourquoi pas ‘’ de mon cher pote.
En plus, je
pensais que je n’étais pas Stéphane Guillon, ni Didier la Porte pour être viré de
quelques part.
Je lisais que
Voltaire ait dit ‘’ L’écriture est la peinture de la voix’’
Et Madame de
Valmore ait dit’’ Une chère écriture est un portrait vivant’’
Je dois leur demander pardon pour cette insolence de les avoir cités. Je rêve de visiter la France un jour pour bruler les bâtonnets d’encens sur leurs tombeaux au Panthéon, je pense.
Cela vous montre
clairement que je ne raconte pas ma vie
mais celle des millions de vietnamiens : Ceux que je connais et ceux que je
ne connais pas.
Je vous prie d’être patient pour que je demande la permission de l’écrire à mes ancêtres et à des millions d’autres vietnamiens au nirvana ou à l’enfer, je ne sais pas. Parce que je suis en train de fouiller les cendres éteintes.
Je veux annoncer cette
affaire à soixante pourcents des vietnamiens de mon âge parmi quatre-vingt-onze
millions d’habitant – la génération des baby booms du pays auxquels je ne
demande pas la permission car ils sont tous mes potes. Ils veulent vous la monter
mais ils ne parlent pas le Français. Peut-être, mon ‘’autobiographie’’ leur
donne l’envie d’apprendre la langue de Molière ? Je ne sais pas. Je l’écris
alors :
Mais je n’ai pas
le droit de vous fatiguer. C’est pour cela que je ne commence pas par parler de
la vie de mes ancêtres qui ont immigré du Nord du Viet Nam au Centre du pays il
y trois cents ans. Je voudrais commencer seulement par parler sommairement de
mon grand-père et de ma grand-mère. Je vous prie de me pardonner pour mon
incohérence depuis que je prends un coup de vieux.
Alors ! Mon
brave grand -père est né en 1913, dans
une famille paysanne sans terre.
Sa famille était les
serviteurs chez les seigneurs terriens pour gagner trois bols de riz par jours.
Tous les membres de la famille étaient analphabètes, sans savoir ce que
signifie’’ le Droit de l’Homme’’.
A propos, je
voudrais vous dire, mes chères Dame et mes chers Monsieurs que les rois
vietnamiens se basaient sur l’éducation confucéenne pour chercher les
fonctionnaires féodaux qui étaient aussi les seigneurs terriens.
A l’arrivée des
Français, après la ‘’pacification ‘’ de l’Indochine, pour renforcer les
pouvoirs, l’administration française coloniale continuait ce système de la
seigneurie terrienne.
En 1935, amoureux
de ma grand-mère née dans le même village mais sans pouvoir l’épouser à cause
de la misère, mon grand-père a été obligé de partir pour la France en 1938, en tant que le combattant de la légion
indochinoise qui se battait pour la France, au côté de la résistance jusqu’à
1945.
La deuxième
guerre terminée, il est rentré au Vietnam avec une machine à coudre Singer, un
manteau, une gamelle militaire et une boite de médailles.
Ma grande mère l’attendit
toujours quoi que ses parents soient tués par la famine de la quelle ses frères
voulaient la sauver en la mariant à un riche terrien. Mais elle n’était pas d’accord.
Main dans la main
mais aussi larmes dans les larmes, mon grand-père a appris que ses parents, mes
arrières grand- parents aient été tués avec un de leur fils – le deuxième frère
de mon grand-père, par la famine.
Sans avoir la
terre pour les enterrer et avec trop de morts, les villageois étaient obligés
de lancer leurs corps dans l’estuaire.
Les vietnamiens
ne vont jamais oublier qu’en 1945, deux millions sur vingt millions des vietnamiens ont été tués par la famine.
Un autre frère a
été tué dans la prison française, sans trouver le corps.
Une sœur a été
tuée par le bombardement des Alliés quand elle était enceinte, sans trouver le
corps.
Un autre frère a
été donné pour être sauvé de la famine.
La cadette était
obligée de se marier avec un seigneur, mais en tant 7ème femme.
Mettant les médailles
françaises dans l’eau berçant ses parents, il érigeait une cabane de paille soutenue par quatre perches de bambou, avec ma grande–mère chez un jardin des seigneurs.
Comme les cactus
poussant sur le désert: L’humiliation, la famine, l’ingrat, la trahison… ne
peuvent pas empêcher la vie humaine.
A la file
indienne, entre 1948, 1950, 1952, mon grand oncle, ma grande tante et mon père
ont vu le monde.
En 1954, Avec les
réformes agraires ayant les erreurs, menés par le communisme mais mes grands-parents avaient le premier
lopin de terrain de 1000 mètre carré où mes parents vivent jusqu’aujourd’hui.
Avec le métier de
tailleur appris en France, mon grand-père raccommodait et faisait les habits
aux paysans. Ma grand-mère faisait un peu de cultures maraichères et la mercière. La paix
revenant au Nord du Vietnam après l’accord de Genève signé en 1954 entre la France et le Vietnam, la vie commença
à se faire : Mon oncle, ma tante et mon père ont été scolarisés.
Les Américains ont
brisé l’Accord de Genève pour couper le Vietnam en deux qui rentrait dans une
autre guerre à outrance.
En 1954, 1956, 1959,
mes deux tantes et mon tonton sont nés et avaient l’occasion d’aller à l’école.
En 1969, à l’âge
de dix-sept ans, mon père s’est engagé dans l’armée en y restant pendant cinq
ans avec les batailles les plus sanglantes de l’histoire de la guerre du Vietnam.
Ma tante a suivi
son frère pour faire l’armée aussi.
L’accord de Paris
signé, tous les deux sont retournés magiquement sain et sauf en 1974 par
rapport à un million de camarades succombés.
En 1975, la guerre la plus atroce de l’histoire du pays a été terminée avec la Réunification du Nord au Sud.
En 1975, la guerre la plus atroce de l’histoire du pays a été terminée avec la Réunification du Nord au Sud.
En 1976, un an
après la guerre, mon père a épousé ma mère – une ancienne combattante comme ses
sœurs dans un mariage arrangé par mon grand-père.
En 1977 , je suis né !
En tapant ces mots-là,
je pense à mon enfance dont je ne connais pas très bien la signification. Je pense
plutôt que mon enfance, c’est le moment où je ne savais pas encore draguer une
fille. Cela veut-dire-que jusqu’à 21 ans, en troisième année à l’Université
quand j’étais tombé amoureux pour la première fois, mais en sourdine.
Mais, à dix-huit
ans, c’est l’âge de majeur, selon la loi de mon pays. Donc, je me contente de dire que mon
enfance s’est arrêtée à dix-huit ans en 1994 quand j’ai quitté mon village
natal pour la première fois de ma vie pour faire des études à Ha Noi – la
capitale millénaire du pays.
Je me rappelle
bien du moment où je suis descendu du bus IFA fabriqué en Allemagne de L’Est
après dix heures de trajet en franchissant trois cent kilomètres entre mon
village natal et Ha Noi. Je gardais avec vigilance mon sac, ayant peur d’être volé (On
me disait que: il y avait beaucoup de voleurs en ville). Malade, mais la voix de
mes parents’’ Toute la famille attend tes résultats’’, les yeux de mon frère et
de mes sœurs en me voyant partir, m’obsèdent jusqu’à l’heure actuelle.
C’était aussi la
première fois que je voyais les réverbères et les citadins si mystérieux.
In instant, mes
chers lecteurs, j’entends ma fille pleurer au rez de chaussé auquel je descends.
Ah, elle refuse de boire du lait Nestlé en demandant celui d’Advanced des
Américains que ma femme a oublié d’acheter. Je lui console en promettant de lui offrir un synthétiseur
si elle va obtient les bons résultats de sa première année scolaire.
Mais, je dois lui
remercier de m’arrêter de bavarder comme ça pour retourner au sujet de mon
enfance qui est en train de trottiner dans ma tête.
Moi, je suis
contre toutes les études sur la nutrition parce que, à la sortie du ventre de
ma mère en 1977, je pesais quatre kilogrammes ! Ma pauvre mère était
tombée dans les pommes à cause de mon poids, après le mal qu’elle supportait.
Vous ne pensez pas à l’opération césarienne, à cette époque.
Vous ne pouvez
pas imaginer la joie de ma grande famille car j’étais le premier fils du
lignage. A partir de ce moment-là, Mon grand-père, mon grand oncle, mes tantes,
mon père ont du se priver avec plaisir de leur ration affamée du riz qu’ils
écrasaient pour m’en faire la soupe. Ils ont dû oublier que, un œuf était rond et blanc à l’extérieur.
La misère et la
famine sont revenues. Le pays s’est déchiré encore : Le Nord a été attaqué
par la Chine et le Sud par les Khmer Rouges.
En 1979, mon petit-frère est né. Mon tonton est parti dans le Sud pour tenir le terrain après que les Khmer Rouge ont été chassés.
Le pays complètement
ravagé par les guerres successives avec les séquelles énormes laissées jusqu’à
maintenant, l’embargo total appliqué par les Etats-Unis, l’isolement du monde
entier, l’économie planifiée, l’instabilité de la politique, la méfiance, l’effondrement
des Unions Soviétiques et de l’Europe de l’Est, Mon pays était
comme une voile déchirée dans une tempête furieuse nocturne de l’océan.
En 1981 et en
1984, mes deux sœurs ont vu le jour. Vive la vitalité vietnamienne !!!
Les moments où je ramassais sous le soleil brulant, le reste de la récolte des coopératives comme : Patates, arachide… pour les sécher qui étaient la provision pour l’hiver.
A partir de ce
moment-là, j’ai perdu les privilèges accordés par ma famille du pays se
plongeant jusqu’au zénith de la misère. Alors, mon enfance était :
Les moments où je
faisais la queue devant les boutiques de l’Etat en présentant les coupons de
rationnement : Quelques kilos de patates, un litre de sauce, trois cents
grammes de porc… par mois. Mais en réalité, ce n’était jamais suffisant comme marqué
sur les coupons. J’étais témoins des âgés tombés en coma dans la foule à cause
de la faim, la bouche remplie de la terre. Je vous confirme que c’était presque
l’égalité parfaite. Mr.Poutou serait tranquille avec son NPA.
Les moments où je ramassais sous le soleil brulant, le reste de la récolte des coopératives comme : Patates, arachide… pour les sécher qui étaient la provision pour l’hiver.
Les moments où je
voyais les soldats retourner au village dans les urnes couvertes de drapeau de
la patrie.
Les moments où j’entendais
les soupirs de mes parents, aux cris tenaces des grillons jusqu’à minuit, mélangés
des gouttes de pluie tombées du toit troué.
Les moments où j’avais
un seul repas par jour mais qu’avec les patates avant de dormir sur les nattes
mouillées.
………………..
Je lisais quelque
part que : Si nous tirons le passé avec une balle de pistolet, l’avenir va
nous tirer avec une balle de canon.’’
De toute ma vie,
je n’ai jamais tiré une cible précise, sans parler de tirer le passé qui, est
pour moi une image se ternissant dans les larmes. Ce passé couvert et tissés
des tristesses, des humiliations, de la faim…de mon enfance, reste encore une
hantise et l’obsession qui me font sursauter encore pendant les nuits
profondes.
Un coq chante de
loin, annonçant l’aube. Ma fille dit quelque chose dans son sommeil si doux et
paisible. Ses lèvres sont entrouvertes d’un léger sourire en rêve. Je vérifie
la température de la clim avant de lui donner un baiser sur sa joue, en
murmurant à ses oreilles les derniers vers du poème ‘’ quand l’enfant apparait’’
de Victor Hugo :
‘’Seigneur,
préservez – moi, préservez ce que j’aime.
Frères, amis,
parents et mes ennemis même
Dans le mal
triomphant de jamais voir Seigneur !
L’été sans fleurs
de vermeilles
La cage sans
oiseaux
La ruche sans
abeilles
Les maisons sans
enfants.’’
Donc, de toute mon
enfance jusqu’au moment où j’ai reçu le diplôme de maitrise de la langue
française en 1998, je ne connaissais pas un repas à ma faim. En plus, pour
arriver à ce niveau-là, mes parents ne pouvant pas donner un œuf à mon petit-frère
et à mes deux sœurs, ont dû vendre jusqu’à la dernière poule.
A la sortie de l’école,
j’ai bien vécu la frustration causée par le chômage. Mais l’histoire de mon
pays a tourné ses pages nouvelles : La paix installée, l’embargo enlevé
par Bil Clinton, l’ouverture de l’économie, l’intégration au monde entier… qui
me donnent l’occasion de travailler pour aider ma famille et pour m’en sortir.
Je crains que je
doive m’arrêter de tailler une bavette ici. Je n’ai pas le droit de vous embêter
avec ‘’l’histoire de ma vie’’. Je ne suis qu’un destin parmi des millions d’autres
qui ont besoin d’être montrés.
Veuillez voir d’autres
rubriques, s’il vous plaît !
C'est meme plus beau qu'un portrait vivant de Madame de Valmore!
RépondreSupprimerLong,
RépondreSupprimerJe te remercie pour les 3 jours de nous avons passés avec toi, comme guide avec nos amis.
Tu as su nous faire découvrir et aimer ton pays, tu nous a parlé de toi, de ta famille, de vos traditions, de vos doutes et vos espoirs et tu l'a fait avec humanité et humilité.
Quel bonheur d'échanger avec toi, qui maitrise la langue de Molière et qui étonne par sa connaissance de la culture française.
Bravo l'ami et bon vent pour la suite.
Amitiés.
Roland et Sophie
Tu as réussi à me faire pleurer en lisant ce" récit de ton enfance",moi qui suis un" dur".Je te connais un peu maintenant(2 séjours avec toi comme guide),je connaissais ton amour de la poésie (française en particulier),ton grand sens de l'humour,ta bonne humeur permanente (il le faut bien ,avec ces satanés touristes),mais là,je dois te dire que tu m'as touché vraiment très fort,je ne trouve même pas les mots pour le dire,et je n'ai pas ton sens de la poésie pour l'écrire.
RépondreSupprimerchapeau mon ami,t'es un sacré mec.Fais une grosse bise à ta fille et salues ton épouse de ma part.A bientôt à Hanoi Hen gap lai